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L'intérêt de cette croix fictive ne réside pas tant dans le fait qu'elle utilise une trame de photogravure comme élément graphique matériel que dans le dégradé qui l'accompagne. Des situations beaucoup plus complexes ont déjà été mises en évidence par les psychologues de la perception (transparence, effet néon, ...), mais les créateurs de logotypes prennent parfois du retard sur les sciences cognitives.
Commençons par le plus simple. Cette croix est fictive en ce que ses contours blancs et rectilignes n'existent pas. Ainsi quatre angles blancs illusoires semblent se superposer à la trame circulaire, alors que nous avons une simple interruption des points qui la constituent. Poussons plus avant. Cette croix n'est pas fictive car son surgissement en avant n'est pas flagrant. Mais cette anomalie théorique peut s'expliquer. En premier lieu, la croix peut éprouver des difficultés à émerger du réseau dense et continu du dégradé qui la supporte. Les figures fictives les plus connues utilisent habituellement des surfaces pleines, larges et uniformes. De plus, il semble qu'en cette image, les contours fictifs entraînent, avec eux et vers l'avant, la surface en forme de croix qu'ils cernent. Raisons qui permettraient d'expliquer le faible surgissement des contours illusoires. Enfin, autre anomalie, la modification apparente des luminosités est faible. Le blanc des contours ne semble pas beaucoup plus clair ou plus lumineux que le blanc de la trame. Mais, là encore, nous pouvons penser que le dégradé vient influencer la forme fictive. La trame de la croix paraît en effet plus foncée que la trame du fond. La raison en est simple : les interruptions opérées dans la continuité de la trame par les pseudos contours crée un saut dans la suite logique des valeurs. Ces interruptions ne semblent pas comblées par notre système perceptif, qui, paradoxalement, échoue ici à faire jouer le principe de colinéarité, nous imaginons une rupture des valeurs. Cela permet de trouver une explication à notre constat précédent : la surface de la croix décolle du fond grâce aux contours fictifs qui l'entourent.
Ainsi, nous avons là une figure fictive qui déroge aux règles habituelles des figures fictives. Nous avons compris, même si tout n'est pas assuré, que le dégradé vient influer sur la perception des contours fictifs. Mais à reparler des errements de ce satané dégradé, nous avons oublié d'évoquer sa fonction première : donner ici à voir une sphère. Ce qui ne m'est pas apparu au premier abord. Ainsi, en dépit de la présence d'un parfait dégradé et de la diminution concomitante de l'épaisseur des contours fictifs, ce dessin m'apparaît principalement plat. Ce que le logotype
Entrevue arrivait à donner à voir sans problème (entre autres avec une diminution d'épaisseur des tracés, noirs et bien réels il est vrai) échoue en cette image. On peut cette fois penser à un retour de bâton des contours fictifs sur le dégradé. Car si les bords extérieurs de ces contours convergent bien vers quatre points de fuite, leurs bords intérieurs s'alignent parfaitement sur le trajet de deux horizontales et deux verticales. Situation contradictoire que le graphiste aurait pu éviter.

ENTREPRISE : Coram Healthcare
GRAPHISME : Maria Delotta

 


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